Pourquoi la cohorte 3C ?
Touchant près de 5% des personnes de plus de 65 ans, et au total 25 millions de personnes dans le monde, la maladie d’Alzheimer est, au début du XXIème siècle, l’une des maladies les plus fréquentes. On ne sait aujourd’hui ni prévenir la maladie, ni arrêter son évolution. Depuis plusieurs années, la maladie d’Alzheimer suscite de nombreuses recherches porteuses d’espoir. En particulier, ces recherches suggèrent l’existence d’un lien possible entre les maladies vasculaires et la maladie d’Alzheimer, lien qui pourrait avoir des implications pour la prévention de la maladie.
Au cours des dernières décennies, la prévention a eu un rôle majeur dans le recul considérable des maladies vasculaires cardiaques (infarctus du myocarde) ou cérébrales (accident vasculaire cérébral). Est-il envisageable, dans un futur proche, de voir, de la même façon, régresser la maladie d’Alzheimer ? Quelles sont les pistes pour y parvenir ? Comment identifier les personnes qui sont les plus à risque de développer cette maladie pour pouvoir leur proposer des mesures de prévention, si on en disposait ? Ces questions ont été à l’origine de l’étude des Trois Cités (3C), lancée en 1999.
La maladie d’Alzheimer appartient aux maladies dites « neurodégénératives ». Elle n’est donc pas une maladie vasculaire. L’objectif de cette étude est d’étudier lien qui relie alors la maladie d’Alzheimer et les affections vasculaires et les facteurs génétiques qui peuvent influencer la fréquence des maladies cérébrales liées à l’âge.
En fait, comme l’ont suggéré plusieurs études, des facteurs vasculaires pourraient contribuer à l’apparition ou l’aggravation des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Ces études ont montré, par exemple, que l’hypertension artérielle ou l’athérosclérose (apparition de dépôts – les plaques d’athérome- sur les artères) pourraient être associées à un plus grand risque de présenter une maladie d’Alzheimer. A l’inverse, des facteurs qui diminuent le risque de maladie vasculaire – comme, par exemple, le régime alimentaire dit méditerranéen (riche en fruits, légumes, huile d’olive et poissons) -, pourraient diminuer le risque de maladie.
Qu’est-ce que la cohorte 3C ?
Promue par l’Université de Bordeaux, l’étude 3C est une étude dite « de cohorte ». Le principe de ce type d’étude est de de suivre des personnes qui sont en bonne santé, ou du moins qui ne souffrent pas de la maladie que l’on veut étudier, ici la maladie d’Alzheimer, pendant plusieurs années. Le temps passant, certains de ces individus vont être atteints de la maladie d’Alzheimer. En comparant les caractéristiques initiales des personnes dont les performances cognitives n’ont pas décliné et celles des personnes qui ont développé une maladie d’Alzheimer, les chercheurs peuvent ensuite identifier des facteurs de risque et des facteurs de protection. La connaissance de ces facteurs permet de concevoir des actions de prévention.
Pour l’étude 3C, 9 294 personnes âgées de 65 ans ou plus ont été recrutées dans 3 villes : Bordeaux, Dijon et Montpellier (d’où le nom Trois Cités), par tirage au sort sur les listes électorales. Ces participants issus de la population générale ont été suivis pendant 12 ans.
Au cours des 12 ans de suivi, les entretiens et examens prévus par le protocole ont permis de recueillir des informations de différents types :
Sociodémographie
Statut familial, niveau d’études, professions exercées
Mode de vie
Consommation tabac, alcool, alimentaire, thé et café, médicaments
Données biologiques
Constitution d’une banque de prélèvements sanguins et d’ADN pour des études génétiques
IRM cérébrale
Microlésions d’origine vasculaire, volumes cérébraux et autres mesures cérébrales
Mesures vasculaires
Pression artérielle, électrocardiogramme, échographie des artères carotidiennes
Données cliniques
Antécédents médicaux, pathologies, mesures anthropométriques, handicap
Bilan cognitif et psychologique
Tests cognitifs (mémoire, attention, rapidité, etc.), symptômes psychologiques (dépression et anxiété)
À ces informations se sont ajoutées des données complémentaires qui n’ont été collectées que dans certains centres. Sur les 9294 participants, environ 6000 ont été soumis à une échographie des artères carotides et 3000 à une IRM cérébrale.